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La justice du Bangladesh revoit largement à la baisse les quotas d’emplois à l’origine de violents affrontements dans le pays

Sans l’abolir, la justice du Bangladesh a revu à la baisse, dimanche 21 juillet, un système de quotas pour les candidats aux postes de la fonction publique, après que leur réintroduction en juin a déclenché des affrontements à l’échelle nationale, faisant 155 morts.
« La Cour suprême a déclaré que le verdict de la Haute Cour était illégal », a déclaré le procureur général A.M. Amin Uddin, en référence à une décision antérieure qui avait réintroduit les quotas, qui réservaient notamment 30 % des postes aux enfants des anciens combattants de la guerre de libération du Bangladesh contre le Pakistan. Cette catégorie est réputée proche du pouvoir en place. Le procureur général a précisé que 5 % des emplois de la fonction publique resteraient réservés aux enfants des vétérans de la guerre d’indépendance et 2 % aux autres catégories.
La réintroduction de ces quotas avait déclenché des affrontements à l’échelle nationale entre étudiants et forces de l’ordre, conduisant aux pires violences sous le mandat de la première ministre, Sheikh Hasina, au pouvoir depuis quinze ans.
La Cour suprême du Bangladesh a exhorté dimanche les étudiants protestataires à « retourner en classe » après avoir rendu sa décision, ce qu’a confirmé à l’AFP Shah Monjurul Hoque, un avocat qui représentait deux étudiants. Mais l’association « Students Against Discrimination », principal groupe d’étudiants à l’origine des manifestations, entend poursuivre le mouvement. « Nous n’arrêterons pas nos manifestations tant que le gouvernement n’aura pas pris une décision prenant en compte nos demandes », a déclaré à l’AFP un porte-parole sous couvert d’anonymat.
Des soldats patrouillent dans plusieurs villes du Bangladesh où la police antiémeute n’a pas réussi à rétablir l’ordre, tandis qu’une coupure d’Internet à l’échelle nationale limite considérablement depuis jeudi le flux d’informations vers le monde extérieur.
Le gouvernement de Mme Hasina est accusé par les défenseurs des droits humains d’user abusivement des institutions de l’Etat pour asseoir son emprise et éradiquer la dissidence, en particulier par l’assassinat extrajudiciaire d’opposants. Le Bangladesh n’étant pas en mesure d’offrir des possibilités d’emploi adéquates à ses 170 millions d’habitants, le système de quotas est une source importante de ressentiment parmi les jeunes diplômés confrontés à une grave crise.
Mme Hasina a attisé les tensions ce mois-ci en comparant les manifestants aux Bangladais qui avaient collaboré avec le Pakistan pendant la guerre d’indépendance du pays. La première ministre bangladaise devait quitter le pays dimanche pour une tournée diplomatique en Espagne et au Brésil, mais elle a renoncé à son projet en raison des violences en cours.
La police a arrêté plusieurs membres du parti nationaliste du Bangladesh (BNP), première formation d’opposition, et de Students Against Discrimination. Le département d’Etat américain a déconseillé samedi à ses concitoyens de se rendre au Bangladesh, et il a annoncé qu’il commencerait à rapatrier certains diplomates et leurs familles.
Le Monde avec AFP
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